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La mort de Guy Béart, monument de la chanson française : revivez sa carrière en musique et en images

    Sa voix doucement rauque égrainait avec des mots choisis, des comptines qui disent leurs quatre vérités, des ritournelles populaires tendrement critiques, ironiques, ou à double sens… L’auteur-compositeur-interprète Guy Béart s’est éteint à l’âge de 85 ans, mercredi matin à Garches, dans les Hauts-de-Seine. Il y avait acheté sa maison en 1967. Une maison de 1 200 mètres carrés conçue par un architecte du Bauhaus, qui aurait appartenu à un diplomate autrichien fuyant les nazis. Il vivait au milieu d’un mobilier hétéroclite, en compagnie de ses chats, entouré par un capharnaüm incroyable où s’entassaient pêle-mêle ses souvenirs.

    L’homme a toujours refusé d’être rangé dans les armoires du Patrimoine, et pourtant il fait à tout jamais partie des monuments de la chanson française. Son ambition était de » devenir juste un anonyme du XXe siècle « , que ses chansons deviennent des classiques chantés par les générations futures. Guy Béart avait fait ses adieux à la scène en janvier dernier à l’Olympia. Plus de 300 titres, des succès innombrables, des mélodies que l’on peut tous fredonner. L’auteur de L’Eau Vive a fait de la chanson un art majeur.

    La carrière de Guy Béart en images :

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    Un matheux qui pousse la chansonnette

    De son vrai nom Guy Béhart, le futur chanteur est né au Caire (Egypte) le 16 juillet 1930. Il grandit dans différents pays de la Méditerranée : Liban, Grèce, Italie, Nice. Sa famille s’installe en 1947 à Paris. Interne au lycée Henri IV, il fait Math sup, Math spé, puis l’Ecole nationale des Ponts et chaussées.  Des études brillantes qui ne l’empêchent pas d’apprendre, à l’Ecole nationale de musique, le violon et la mandoline. En 1954, il travaille comme ingénieur dans un bureau d’études d’une grande entreprise, et, le soir chante pour les copains dans un bistrot du Quartier latin, La Colombe.

    Jacques Canetti le découvre, le fait passer au Trois Baudets où il partage l’affiche avec Mouloudji, Brel, Devos, Pierre Dac, Francis Blanche. En 1957, il sort son premier disque avec huit titres dont Chandernagor, Qu’on est bien, Le Quidam, Bal chez Temporel. Guy Béart a 27 ans, il est la révélation de l’année. Georges Brassens le soutient, Boris Vian chante dans les chœurs de ses chansons. Il écrit pour Juliette Gréco, Zizi Jeanmaire, Patachou, qui l’applaudissent. Les éloges pleuvent. Il est lancé.

    « Il ne s’est jamais fui »

    Il fait des rencontres prestigieuses, tisse des amitiés avec Aragon, Pierre Mac Orlan, Georges Pompidou dont il était l’un des chanteurs préférés, avec Jean Ferrat. Une relation qui sera critiquée et brouillera son image. Plus tard, il fréquente François Mitterrand, l’accompagne lors d’un voyage au Japon au cours duquel il chante devant l’empereur Hirohito. Sa carrière est riche en rebonds, les modes se succédant l’ayant mis quelquefois à l’encan.

    Mais, c’est sans oublier que l’homme aimait les femmes. Elles auront compté plus que tout dans sa vie. Dans une interview au Monde le 14 septembre 2003, il avoue avoir été « amoureux à en mourir sept à huit fois « . Elles lui ont souvent inspiré des chansons où il est question de passion, d’amour qui s’enfuit, de rupture. Les histoires d’amour finissent souvent mal. Il est père de deux filles, deux demi-sœurs, Eve, créatrice de bijoux, et Emmanuelle Béart, la célèbre comédienne. Si l’actrice a noué une relation complexe avec son père, elle est admirative devant son talent, son écriture pudique et raffinée : « C’est l’homme le plus intelligent que je connaisse », dit-elle. « Il n’a jamais fui, ne s’est jamais fui … » Et d’ajouter : « Mon père est ailleurs, barré, hors du cadre, avec en même temps une capacité dingue à être dans l’instant « . (Le Monde du 14/09/2003).

    Eclats de voix avec Gainsbourg 

    Guy Béart se battra près de 20 ans contre deux cancers qui l’éloigneront de la scène artistique. Il connaîtra une période de vaches maigres, « avant la crise « . En 2010, il revient avec un CD de 12 titres, Le Meilleur des choses (Sony Music) qui sera bien accueilli par le public et la critique, dans lequel lui, le connecté, (internet, journaux, télé), jette un regard acerbe sur les dérives de la société actuelle.

    On se souvient de l’engueulade avec Serge Gainsbourg sur les plateaux de l’émission Apostrophes en 1986. Ce dernier, bourré, martelait que la chanson était un art mineur. En désaccord, une violente algarade va opposer les deux artistes. « Je respecte beaucoup la chanson, qui est pour moi la plus pure expression de l’âme humaine », explique-t-il au Nouvel Observateur le 23 décembre 2009. Durant plus de cinquante ans de carrière, Guy Béart aura porté haut « l’art majeur » de la chanson française.

    Source Article from http://lci.tf1.fr/people/la-mort-de-guy-beart-monument-de-la-chanson-francaise-8658036.html
    source : MYTF1News – People

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