Le Londonien aura depuis multiplier les projets: générique de série, comédie musicale, quelques apparitions comme sur le dernier album de The Arcade Fire. Bowie semblait être redevenu cette tête chercheuse. Celle qu’il était au cours de ses fastes années 1970 quand, multipliant les costumes et les personnages, il semblait dicter la mode et jamais ne la subir.
Ce goût de la recherche et du contre-pied l’emmène cette fois du côté du jazz: son 25e album, placé sous le signe d’une mystérieuse étoile noire (Blackstar), est traversé de batteries épileptiques, de coulées et d’explosions de saxophones (le premier instrument de Bowie) et d’une voix de velours diffusant tantôt la douceur tantôt une sourde inquiétude.
Bowie prend plaisir à étirer et déstructurer ses morceaux, sans souci de s’en tenir aux trois ou quatre minutes du format pop-rock réglementaire. On y retrouve parfois certaines résonances avec des albums anciens, comme le singulier Low (1977) ou le cuivré Black Tie White Noise (1993) qui avait relancé l’artiste après des années 1980 difficiles pour lui.
La fin sous un air de jazz
Avec Blackstar, l’idée n’était pas tant de faire un disque de jazz, mais « d’enregistrer un album de David Bowie avec des musiciens de jazz qui ne joueraient pas nécessairement du jazz », a récemment expliqué sur la radio américaine NPR Tony Visconti, producteur « historique » de la star.
« Il a eu dans son groupe un jazzman important pendant une ou deux décennies, Mike Garson, un pianiste de jazz très talentueux. Ainsi, il y a toujours eu une pointe de jazz dans certaines de ses productions antérieures. Et David connaît très bien les accords jazz », avait souligné son producteur. »C’est parti d’une chanson ou deux, pour arriver à plusieurs titres puis un projet d’album complet », a pour sa part confié, sur NPR, le saxophoniste américain Donny McCaslin, dont le « sax » est omniprésent sur ce disque où apparaissent aussi le batteur de jazz Mark Guiliana ou le musicien et producteur James Murphy (ex-LCD Soundsystem).
Fin 2014, deux premiers titres, Sue (Or In A Season Of Crime) et Tis A Pity She Was A Whore, avaient annoncé ce tournant jazz. On les retrouve, en versions rock-jazz, parmi les sept titres de ce nouvel album. Les fans ont aussi eu pu découvrir il y a quelques semaines le titre Blackstar, morceau de bravoure de dix minutes tiré du générique écrit par la star pour la série policière franco-britannique Panthers.
Cette chanson introductive donne le ton de l’ensemble du disque avec ses paroles sombres (« Au jour de l’exécution/Seules les femmes s’agenouillent et sourient ») et ses différentes ambiances, allant du free-jazz aux sonorités « orientalisantes » en passant par des allures de « messe noire ». Bowie ne vise clairement pas le tube mais évite de se perdre dans un album trop expérimental ou trop pointu, en se laissant aller à l’occasion à ses penchants rock et pop.
Il flotte ainsi dans l’intro de Lazarus un parfum de rock cold wave des années 80, quelques résonnances hip hop dans Girls Loves Me et une belle guitare mélodique dans le titre final, I Can’t Give You Everything (Je ne peux pas tout donner). Mais David Bowie nous aura quand même offert beaucoup et aujourd’hui l’étoile noire n’aura jamais aussi bien porté son nom.
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